MOP, conception-réalisation, marché global de performance : comment bien choisir ?
Laurent GAGNEPAIN, formateur et consultant spécialiste de la maîtrise d’ouvrage publique, ingénieur en chef, a assuré durant 10 ans la conduite de projets hospitaliers complexes au sein de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. Il a également été directeur des services techniques de la ville de Maisons-Laffitte.
Pour CFC Formations, Laurent GAGNEPAIN conçoit et anime des formations sur les montages contractuels complexes, notamment la procédure de conception-réalisation et sur la conduite d’opérations de travaux.
Une question essentielle se pose à tout maître d’ouvrage qui est sur le point de lancer une opération de travaux : quelle procédure retenir ?
De nombreuses possibilités s’offrent en effet à lui : loi MOP classique, conception-réalisation, marché global de performance… et même le partenariat public-privé, bien que ce processus ne soit plus guère en odeur de sainteté depuis quelques années.
Le choix est d’autant plus important qu’il aura des répercussions dès la phase programme : de fait, le niveau de précision attendu sera différent selon que l’on parte en MOP ou en conception-réalisation. A titre d’exemple, les fiches typologiques ou fiches-espaces peuvent, en loi MOP, n’être que partiellement définies dans le programme car la phase études sera mise à profit pour approfondir ce sujet. A l’inverse, en conception-réalisation, le marché de travaux est signé alors même que les études ne sont que partiellement réalisées : le programme étant la dernière pièce contractuelle à protéger le maître d’ouvrage, il doit en conséquence être le plus complet et le plus précis possible.
La décision aura également des répercussions importantes sur le plan de charge du maître d’ouvrage. Ainsi, en conception-réalisation, ses équipes seront fortement sollicitées lors du dialogue compétitif ou de la procédure avec négociation destinée à retenir le lauréat, mais bénéficieront d’une conduite d’opération plus aisée en phase travaux. Inversement, en MOP, le travail à fournir sera plus léger en phase concours mais le maître d’ouvrage devra être pleinement mobilité en phase chantier.
Choisir une procédure qui n’est pas adaptée à son opération, à son contexte et aux spécificités de l’équipe de maîtrise d’ouvrage en place, c’est s’exposer à des surcoûts, à des rallongements de délais, à des blocages ou à un échec pur et simple.
Se débarrasser de ses a priori éventuels et de ses certitudes est un impératif : « la conception-réalisation c’est plus cher mais plus rapide », « la MOP est la porte ouverte à tous les dérapages… ». Il faut également, le cas échéant, savoir convaincre les décideurs qu’il n’existe pas de procédure idéale : si tel était le cas, cela se saurait depuis longtemps et les autres auraient disparu de la pratique.
En revanche, un maître d’ouvrage peut déterminer la procédure la plus adaptée à son opération et à ses objectifs prioritaires. Pour cela, il doit se poser les questions suivantes :
- L’opération est-elle simple ou complexe ?
- Le programme est-il susceptible de subir des modifications ou au contraire est-il stable ?
- Ai-je un réel impératif en termes de date limite de livraison ?
- Choisir avant tout un projet architectural est-il essentiel pour le maître d’ouvrage, pour les élus ?…
- … ou au contraire la qualité architecturale n’est-elle qu’un critère parmi d’autres ?
- Le programme est-il appropriable aisément par des équipes de maîtrise d’œuvre ou sa complexité nécessite-t-elle un échange entre elles et la maîtrise d’ouvrage ?
- Mes équipes sont-elles capables de se consacrer à plein temps sur un dialogue compétitif ou une procédure avec négociation ?
- Quel est le niveau d’expertise de mes équipes sur des projets en MOP, sur des projets en conception-réalisation ?
- Ont-elles la capacité de suivre un chantier complexe en macro-lots ou en corps d’état séparé ?
- Si je pars en MOP, quelle stratégie d’allotissement dois-je retenir ? Quelles entreprises seraient susceptibles de répondre à l’appel d’offres ? Ai-je les capacité de réaliser un sourcing efficace me permettant d’être certain de ne pas devoir déclarer certains lots infructueux ?
- Si je pars en conception-réalisation, la conjoncture économique et l’état des carnets de commande des majors ou des majorettes me permet-il d’espérer des réponses compatibles avec mon budget ?
- Un assistant à maîtrise d’ouvrage solide est-il susceptible de m’accompagner en phases études et chantier si je retiens la conception-réalisation ou le marché global de performance ?
Une fois la réponse apportée à l’ensemble de ces questions, le maître d’ouvrage dispose de l’ensemble des éléments nécessaires à un choix éclairé. Il peut, pour l’aider à orienter sa décision, faire appel à un assistant à maîtrise d’ouvrage spécialisé et/ou suivre une formation adaptée.
Choisir la procédure la mieux adaptée à votre projet est essentiel : n’hésitez pas à y investir du temps et de l’énergie !
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