Marchés Publics

A quoi sert un DQE pour un marché public ?

Le 19/07/19 par CFC Formations

Les marchés publics peuvent parfois sembler complexes et techniques, surtout lorsqu’il s’agit de termes spécifiques comme le DQE, ou Détail Quantitatif Estimatif. Pourtant, comprendre l’utilité de cet outil est essentiel, tant pour les acheteurs publics que pour les prestataires privés. Le DQE occupe une place centrale dans le processus de passation des marchés publics, notamment en facilitant l’évaluation des offres et en assurant la transparence des transactions. Alors, à quoi sert réellement un DQE dans un marché public, et pourquoi revêt-il une telle importance ?

 

Définition du DQE

Le Détail Quantitatif Estimatif (DQE) est un document incontournable dans les marchés publics, notamment pour les marchés à prix unitaires. Il s’agit d’un tableau détaillé qui liste les quantités prévues pour chaque prestation ou fourniture demandée par l’acheteur public, avec un prix unitaire proposé par les soumissionnaires. 

Le DQE est avant tout conçu pour faciliter l’évaluation des propositions des entreprises lors d’un appel d’offres, en permettant une simulation financière qui donne une vision précise du coût global potentiel du marché. Cet outil est indispensable pour assurer la transparence et l’équité dans le processus de sélection, car il fournit une base objective pour comparer les différentes offres financières soumises.

Intégré aux documents de consultation, le DQE est souvent utilisé en complément du Bordereau des Prix Unitaires (BPU). Alors que le BPU répertorie simplement les prix unitaires sans associer de quantités, le DQE applique ces prix aux quantités prévues, offrant ainsi une vue complète du coût total estimé. Ce document est particulièrement utile dans les accords-cadres à bons de commande, où il ventile les prestations susceptibles d’être commandées en fonction des besoins futurs de l’acheteur.

D’un point de vue juridique, bien que le DQE ne soit pas un document contractuel, il est encadré par l’article R2151-15 du Code de la commande publique. Cet article autorise l’acheteur public à exiger des documents comme le DQE, ainsi que des échantillons, maquettes ou prototypes, pour permettre une appréciation plus fine et objective des offres. Le DQE, en tant que tel, est un outil qui aide à évaluer le critère du prix de manière transparente, en s’assurant que les offres reçues sont comparées sur une base équitable et chiffrée.

 

Rôle du DQE dans les marchés publics

  • Différence entre DQE et BPU

Il est important de distinguer le DQE du BPU. Le Bordereau des Prix Unitaires (BPU) est un document qui répertorie les prix unitaires des prestations, sans tenir compte des quantités. Il sert de base à la construction du DQE, mais n’offre pas une vision complète du coût total des travaux ou des prestations. En revanche, le DQE intègre directement les quantités, offrant ainsi une estimation globale plus précise.

Par exemple, dans un marché de construction, le BPU pourrait indiquer le coût par mètre carré de pavage, mais le DQE prendrait en compte la surface totale à paver pour fournir une estimation globale du coût de cette tâche spécifique. Cette distinction est essentielle pour comprendre comment les offres sont évaluées.

  • Valeur Juridique du DQE

La valeur juridique du DQE diffère de celle du BPU. Tandis que le BPU, une fois signé, engage les parties contractuellement sur les prix unitaires convenus, le DQE, lui, n’a pas de valeur juridique contraignante. Il s’agit d’un document d’estimation, utilisé principalement pour comparer les offres financières et faciliter la décision d’attribution du marché.

Bien que le DQE ne lie pas juridiquement les parties, il reste un document indispensable pour assurer la transparence du processus d’attribution. En effet, il permet de démontrer que l’évaluation des offres a été réalisée de manière objective et basée sur des critères financiers précis. Cette transparence est essentielle pour éviter les litiges postérieurs à l’attribution et pour renforcer la confiance dans le processus des marchés publics.

 

Mais comment fonctionne exactement un DQE ?

Pour mieux comprendre l’importance du Détail Quantitatif Estimatif (DQE) dans les marchés publics, prenons l’exemple concret d’un projet de travaux de voirie, tel que la réhabilitation de plusieurs kilomètres de trottoirs dans une ville. Lorsqu’une municipalité lance un appel d’offres pour un tel projet, le DQE va détailler les différentes prestations nécessaires à la réalisation des travaux. Par exemple, le DQE inclura le coût par mètre carré de pavage, le prix unitaire pour la fourniture et la pose de bordures, ainsi que les coûts associés à des prestations complémentaires comme l’évacuation des déchets et l’installation de la signalisation temporaire.

L’intérêt principal du DQE réside dans sa capacité à permettre à l’acheteur public de comparer les offres sur une base objective et chiffrée. Prenons le cas où deux entreprises soumissionnaires proposent un prix similaire pour le pavage, mais l’une d’elles utilise une méthode plus coûteuse pour la pose des bordures. Le DQE révélera cette différence de coût global en multipliant les quantités estimées par les prix unitaires respectifs. Cette simulation permet à l’acheteur de voir précisément l’impact de chaque poste de coût sur le budget total estimé du projet.

Prenons un autre exemple : un marché public de fournitures informatiques pour une grande administration. Ici, le DQE pourrait inclure des quantités spécifiques d’ordinateurs, d’écrans, de logiciels, ainsi que les coûts associés à la maintenance et au support technique. Si une entreprise soumissionnaire propose un prix unitaire très bas pour les ordinateurs mais des coûts de maintenance élevés, le DQE mettra en lumière l’impact de ces coûts sur le budget global du projet. L’acheteur public pourra ainsi évaluer non seulement le coût d’acquisition, mais aussi les coûts d’exploitation à long terme, ce qui est essentiel pour assurer une gestion budgétaire responsable.

Dans certains cas, le DQE peut même révéler des incohérences dans les offres soumises. Par exemple, si un prestataire sous-estime délibérément certaines quantités pour présenter une offre plus attractive, cela peut être détecté grâce au DQE. De telles incohérences peuvent être un signal d’alarme pour l’acheteur public, l’incitant à examiner de plus près l’offre en question.

 

Avantages et limites du DQE

Le DQE offre donc plusieurs avantages majeurs. Pour les acheteurs publics, il garantit une évaluation juste et objective des offres, en se basant sur des critères financiers précis. Pour les prestataires, il constitue un guide clair pour préparer leur soumission, leur permettant de structurer leur offre de manière à être compétitive tout en respectant les attentes de l’acheteur.

Cependant, il présente aussi certaines limites. L’une des principales critiques est que le DQE peut parfois encourager une approche trop centrée sur les coûts, au détriment de la qualité. Si l’acheteur se concentre uniquement sur l’offre la moins chère, cela peut mener à la sélection d’une entreprise qui ne propose pas la meilleure qualité de service ou de produit. De plus, la complexité de certains projets peut rendre difficile la quantification précise des besoins, ce qui peut limiter son efficacité.